Le 13 Mars 2012

La nuit à été courte, les années passent et pourtant la magie de l’ouverture opère toujours. L'excitation, les images qui s’enchaînent, les parcours et l'état de l'eau qu'on imagine encore et encore font que le sommeil est toujours aussi difficile à trouver. Je n'attends d'ailleurs pas la sonnerie du téléphone qui est programmée pour 05h00 et le quart d'heure qui précède me tire du lit sans aucun souci.

05H30, je récupère Tit chez lui et, pour la première fois en cette nouvelle saison, mais sûrement pas la dernière, nous prenons la route de la Vis.

06H45, nous arrivons sur le parcours que nous avons choisi de faire pour cet ouverture 2012. Petit malaise, à notre emplacement se tient déjà garée une voiture. Nous voilà bien déçus et nous hésitons longuement sur la décision à prendre, changer de parcours ou bien tenter quand même notre chance sachant que Tit, qui lui est venu ici hier, crois reconnaître la voiture et pense qu'elle n'a pas bougé depuis, ce qui pourrait insinuer que ce ne soit pas celle d'un pêcheur mais plutôt celle d'un employé de l'usine hydroélectrique qui se trouve à proximité. Tit tente une technique de vieux pêcheur, en allant toucher le capot de la voiture pour savoir s'il est encore chaud. « il est froid ! » me dit-il avec un petit air de satisfaction. Petit air qui va ne durer qu'un instant, celui de la comparaison avec le mien, qui l'est tout autant, alors que le moteur tourne encore....... Tant pis, décision est prise de rester là, et vu l'heure, si effectivement c'est un pêcheur, nous allons vite le repérer et il sera encore temps de changer notre fusil d'épaule.

07H00, nous voici au bord de l'eau. La température est encore un peu fraîche, aux environ de 06°c, même si pour cette date cela est tout à fait honorable, l'eau est claire, mais extrêmement basse, son niveau est inférieur à celui de l'été et nous ne sommes pas plus étonnés que ça puisqu'il n'a pas plu depuis le 05 Novembre 2011. Les cannes sont dépliées, les cuillers dansent d'impatience au bout de nos lignes, l'ouverture 2012 peut enfin commencer.

« regarde celle-là qui s'en va devant toi ! » interpellant Tit. « où ça ? » me dit-il......, la même scène se reproduit trois fois dans les minutes qui suivent, et je comprends mieux ainsi pourquoi hier il me dit n'avoir vu aucun poisson.......... Trêve de plaisanterie, les poissons sont bien dehors, mais ils sont très méfiants sûrement à cause de la clarté et du niveau de l'eau, ce qui les fait fuir à la moindre approche grossière ou au moindre impact violent de la cuiller dans l'eau.

« C'est contre ce rocher en face que j'en ai fait une belle une fois . » me précise t-il.....mais en ce moment même, le seul rocher que j'aperçois et que je ressens c'est celui qui est sous mon dos et qui vient de m'empêcher de prendre le premier bain glacial de l'année suite à une vilaine chute.

09H00, le temps passe et les postes s’enchaînent sans aucun résultat positif, pas même une légère attaque. Nous arrivons presque à la fin du premier parcours, là où un sentier nous permet de regagner la route située bien plus haut, et au vu de notre bilan nous décidons de nous arrêter à celui-ci et partir sur un autre parcours plus en aval. Oui mais il reste quand même un joli courant qui serpente entre les roches et où il n'est pas rare de ferrer un poisson. Tit, un peu désabusé me laisse la place pour l'inspecter. Le lancer tout en amont est précis et la cuillers entame sa descente lorsque je ressens ma première attaque de l'année, la belle semble bien prise et malgré sa noble défense la voilà dans ma main. Nous n'en revenons pas tellement les heures qui ont précédées furent stériles. Une joli Fario de trente centimètres sera ma première prise de l'année.

Le cadre est toujours aussi agréable et ce n'est pas cette brume qui se lève dans la clarté du matin qui va nous faire mentir. Même si cette prise nous a un peu remonté le moral, nous restons sur notre position et retournons à la voiture. Alors que nous arpentons la route pour regagner la voiture et que nous regardons les agents municipaux débroussailler les bordures avec leur grosse machine, Tit est à deux doigts de se faire écraser par un brave BIIIP ! d'automobiliste qui vient lui raser les fesses en passant à toute vitesse. C'est vrai que notre attention était surtout portée sur le poteau de téléphone que les agents avaient réussi à briser avec toute leur grâce.

09H30, nous sommes sur le deuxième parcours, Tit décident de traverser pour pouvoir lancer en coup droit et moi je reste sur cette berge ce qui nous permettra de vraiment bien pêcher tous les postes. Ici aussi les poissons sont dehors mais tout aussi inactifs. Les heures passent, il est déjà 11h30, le ventre commence à nous dicter ses préférences.

Installés à table, à mon coin de cœur, sous ces magnifiques et centenaires sapins, nous attaquons les victuailles. Il ne nous reste maintenant qu'une petite heure de pêche avant de prendre le chemin du retour, car nous avons tous les deux les enfants à récupérer à la sortie de l'école.

Nous voici sur un troisième parcours, toujours plus en aval, assez court mais c'est ce qu'ils nous faut vu le temps de pêche qu'il nous est imparti. Tit toujours plus désabusé au fil des minutes qui passent ne pêche quasiment plus. Pourtant j'aperçois, dans un courant, une jolie Fario qui semble en chasse. Je décide donc d'essayer de la leurrer. Je m'avance lentement et descends sur la bordure, je lance tout droit en amont sur cinq mètres environ, la récupération peut être assez lente malgré que se soit à contre-courants du fait de la profondeur de celui-ci. « Elle te suit ! » s'écrit Tit, en effet je la distingue à quelques centimètres de ma cuillers, elle semble être toute prête a s'y jeter dessus et pourtant malgré le fait d’accélérer puis de ralentir la cadence elle s’arrête à une cinquantaine de centimètres de moi et fait demi tour. Je n'abandonne pas si facilement et tente à nouveau ma chance. « Mer... ! » me voilà accroché sur un rocher immergé et impossible d’accès . Par l'eau, je tente de passer en amont pour décrocher lorsque j'aperçois un fil de pêche immergé et tendu. Je dis à Tit « je vais regarder au bout des fois qu'il y ai une cuiller ! ». Mais s'il y a bien quelque chose au bout du fil c'est tout sauf ce à quoi je m'attendais..... « Regardes Tit, une écrevisse !! » les pattes empêtrées dans le fil, une écrevisse me contemple de ses petits yeux globuleux. Comme si la situation n'était pas assez compliquée, voilà que le téléphone se met à sonner dans ma poche. De la main droite je tiens donc la canne en l'air avec mon leurre toujours accroché, le fil avec mon écrevisse saucissonée , dans la main gauche le téléphone avec Peps qui me demande comment se passe notre sortie et le tout, bloqué au beau milieu de l'eau. La scène coquasse n'échappe d'ailleurs pas à Tit qui, entre deux fou rire trouve le temps de l'immortaliser.

13H45, nous voici arrivés au bout du parcours sans aucune autre prise. Nous regagnons la voiture en remerciant dame Fario de nous avoir sauvés de la bredouille. La température a bien augmentée depuis que le soleil est levé, elle avoisine maintenant les 25°c et nous ne sommes pas mécontents d'enlever nos cuissardes. Heureusement hier Tit avait fait deux jolies truites maillées sur l'hérault, ce qui nous permet tous les deux d'avoir quand même commencé la saison sur une note positive.

Ouverture 2012

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