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Les pêches de bruno
2 juin 2009

Le passage du relais ?

    « Pep's irait bien sur la Vis demain, tu y vas toi ? », voilà le sms qui à tout déclenché, reçu le dans la soirée du 01 Juin il promet une agréable sortie pêche pour le lendemain.


    « Dis donc ! Ça sentirait pas un peu l'essence ? », Céline vient de démarrer le scooter et l'essence coule par terre, cela nous est déjà arrivé et le garagiste nous avait dit que ce n'était pas grave qu'il s'agissait juste d'un reflux d'essence lors du démarrage. Céline part donc comme ça jusqu'au travail et moi je prends la route de la Vis.

    08H10 je prends des nouvelles du scooter par téléphone, il ne coule plus et c'est donc avec l'esprit tranquille que j'arrive sur le lieu de rendez-vous où Pep's m'attend dans la voiture. Il est presque 09h00 quand j'aperçois sa voiture, je n'ai pas le temps de me garer car Pep's a déjà démarré,  il s'élance vers la sortie avec un petit salut gestuel qui me fait dire que l'impatience le gagne.

    Il ne nous faut pas plus d'un quart d'heure pour arriver sur le premier parcours, encore au volant de la voiture je râle car j'aperçois une voiture déjà garé sur le terre-plein, immatriculé dans le 31 je me dis qu'il reste une chance pour que ce ne soit qu'un campeur, malheureusement après une inspection rapide de l'intérieure de la voiture le doute n'est plus permis c'est bien un pêcheur qui à pris quartier sur mon lieu de prédilection.

    Nous nous équipons quand même mais c'est sans grande conviction que nous effectuons nos premiers lancers. Ils ne sont d'ailleurs pas du tout fructueux, j'ai beau inspecter la rivière je ne vois pas le moindre poisson dehors. Après 15 minutes de pêche, je décide de remonter la rivière afin de trouver ce pêcheur, savoir où il en est du parcours et savoir à quoi il pêche.

    J'entends tout à coup un bruit de portière, je me précipite vers les voitures et je tombe nez à nez avec le toulousain canne en main. Je l'aborde avec la question fatidique, « alors ça a mordu ? », la réponse ne se fait point attendre et c'est dans un long monologue qu'il me fait part de sa partie de pêche. Je vais, en quelques minutes, tout savoir sur sa pêche ainsi que sur une bonne partie de sa vie... quel tchatcheur ! Il pêche donc au ver et a pris une truite de 25cm, aujourd'hui il est seul car son collègue pêcheur n'a point daigné l'accompagner ce matin à cause de la bredouille effectuée la veille à la cuillère sur ce même parcours. Il est ici en vacances et ne connait pas cette rivière, il a beaucoup de mal à trouver des parcours tant les rives sont bordées de propriétés privées et de pêches gardées. Je l'aiguille donc sur un parcours plus en amont, avec Pep's nous faisons de même et le dépassons en voiture quelques kilomètres plus loin.

    Nous voici au Grenouillet, il est encore très tôt, à peine 10h00 c'est pourquoi je décide de commencer le parcours plus bas que d'habitude. Je me souviens être descendu là une fois et si mes souvenirs sont bons il y avait quelques jolis courants. Le chemin est très propre ce qui souligne un passage régulier de pêcheurs, nous l'empruntons et redescendons la rivière ainsi sur plusieurs mètres, il longe la rivière et nous pouvons observer un mélange de trous et de courants plus ou moins profonds qui semblent intéressants. Arrêtés sur un trou, nous sommes un peu triste de voir que les truites ne sont pas dehors, en effet il n'y a pour l'instant aucune activité et c'est pourquoi nous décidons de continuer à descendre la rivière. Alors que je souligne a Pep's le fait que le chemin commence à devenir très encombré, j'entends un craquement de branches... « té ! vous êtes là vous ! »s'exclame le toulousain qui sort d'on ne sait où. Je n'en crois pas mes yeux, les siens sont interrogateurs, plantés au milieu d'un visage marqué de rides ils semblent se demander quel accueil  va leur être réservés. Accompagné de Pep's je me socialise, c'est pourquoi je reste courtois et préfère emmener le padré plus haut sur le parcours et laisser le bas à cet acolyte plutôt pot de colle. Il a dû nous suivre dès qu'on l'a dépassé afin de connaître notre destination...

    Au niveau du chemin qui remonte à la voiture, nous décidons de nous mettre enfin à pêcher, nous avons laissé suffisamment de parcours à notre poisson pilote pour enfin taquiner la truite tranquillement. Il ne me faut pas plus de 15 minutes pour ferrer mon premier poisson dans un courant lent et profond d'une soixantaine de centimètres. La belle mesure 25cm et je me dis qu'à 11h00 il était bien temps de toucher un poisson. Pep's situé un peu plus haut m'a aperçu et doit être un peu plus motivé après cette capture. Je sens bien que sa motivation réside surtout dans la pêche à la mouche et il attend l'après midi avec impatience. Pendant qu'il tue le temps au lancer tout en admirant cette magnifique rivière, je sors mon deuxième poisson dans un gros trou, au ras d'un bloc rocheux à l'ombre d'un figuier dont les fruits encore verts flottent sur la surface de l'eau. Elle a les mêmes mensurations que la première et rejoint sa congénère dans ma musette.

    Je le rejoins un peu plus haut, nous observons quelques truites postées mais aucune ne mouche pour l'instant. Nous progressons vers l'amont, alors que nous surplombons la rivière à un endroit où les courants jouent à caresser les flancs des blocs rocheux, j'entends une voix qui m'irrite les tympans et qui s'exprime en ces termes « ben il n'y en a pas de grosses dans cette rivière ! ». Le pêcheur rose nous a rattrapé, il commence un long monologue de jérémiades sur l'état de la rivière, la grosseur des truites, les accès impraticables et je vous en passe. Ma Vis semble vouloir lui répondre à sa façon, une truite d'au moins 40cm redescend la rivière et passe sous notre nez comme pour le narguer, dès fois qu'il ne l'ai pas vu je m'empresse de lui indiquer sa trajectoire. Comme ma sociabilité touche à sa fin j'en profite pour lui recommander aussi la sienne à savoir de rebrousser chemin pour récupérer un chemin bien plus bas qui remonte aux voitures. « quoi ? » ah oui j'ai oublié le petit chemin qui est juste au dessus de nous et qui donne accès directement sur la route, sûrement un banal oubli...

    Maintenant débarrassé de cet encombrant pêcheur, nous prenons le temps d'observer la rivière sur ces fins de plats qui nous semblent propices aux premiers gobages. « tu l'as vu ? », excité et heureux de voir enfin un mouchage qui je suis sûr va remettre un peu de baume au cœur à Pep's je lui indique l'endroit exact ainsi que le second puis le troisième etc etc.... Ils les avaient aussi bien vu que moi mais il était déjà dans l'observation et la recherche de la mouche exacte. Nous nous penchons sur le sujet mais malgré les nombreux mouchages nous ne pouvons savoir sur quoi elles montent, nous penchons pour des émergentes tant la surface semble vide de tout éphémère.

    Il est 12h30, je signale à Pep's que nous ferions mieux d'aller manger afin de pouvoir rapidement repartir avec le fouet. Attablé à l'ombre de grands sapins, il doit bien faire 28°, nous reprenons des forces à coups de sandwichs accompagnés d'un délicieux vin rouge.

    Sur les coups de 13h15, nous reprenons le chemin de la rivière, je suis toujours équipé de mon lancer tandis que Pep's a enfin pu sortir sa canne à mouche. Redescendus au tout début du parcours, je laisse ce courant profond, assez lent qui borde l'énorme bloc rocheux planté au milieu de la rivière, au moucheur. J'en profite pour aller découvrir un peu plus bas vu que le chemin continu encore. Je pêche maintenant depuis cinq minutes de très beaux courants profonds d'une quarantaine de centimètres, ce coin est magnifique, je ne suis plus qu'à quelques mètres en aval de Pep's, lors d'un énième lancer, je ressens ce coup de foudre fatal dans le poignet qui unit la truite et le pêcheur pour le meilleur et pour le pire ( le meilleur étant bien sûr réservé au pêcheur tandis que la truite ne peut se contenter que du pire ). Le combat est intéressant car la belle se sert très bien du courant, mon lancer commence à ressembler à un arc et j'aperçois Pep's qui se dit « celle-là elle doit être belle ». Je sors gagnant de ce combat bien déséquilibré, la Fario de 28cm gît sur les galets, il est 13h45 environ je me dis que ma journée est bien réussie et qu'il faudrait une ou deux belles moucheuses au compteur de Pep's pour faire de cette journée une réussite totale.

    Je le rejoins, je lui montre ce joli poisson et me concentre maintenant plus sur d'éventuels mouchages que sur ma pêche. Nous remontons la rivière, Pep's met quelques coups de fouet par ci par là, surtout où la végétation le lui permet, mais sans aucun résultat. Il faut attendre le coin du matin où nous avions repéré plusieurs truites en postes pour enfin voir des gobages. Alors que le padré descend en aval de ceux-ci, perché sur le chemin à l'abri derrière des arbustes j'observe la truite en poste qui gobe régulièrement. Toujours impossible de détecter l'éphémère que prend cette truite, Pep's essaie avec une première mouche, plusieurs passages au-dessus de sa tête plus tard, nous comprenons qu'elle ne veut pas de ce type là. Deuxième essai, le même scénario ce reproduit....troisième essai, le même scénario encore une fois ! Elle commence à nous plaire celle-là ! Pep's décide de monter un sedge roux, mouche qui d'habitude décide même les plus récalcitrantes... Le sedge se pose délicatement quelques centimètres en amont de sa tête, de mon poste de guet je peux presque distinguer le regard de la truite se poser sur le sedge qui descend le courant, elle bouge, monte vers la surface, au moment de la saisir elle nous fait finalement faux bond  et reprend son poste. « Elle est montée et l'a refusée ! », je ne tiens plus en place, voir ce spectacle est vraiment excitant, alors que j'essaie de contrôler mes émotions le scénario se répète encore quatre ou cinq fois. Pep's, toujours aussi calme, pense avoir la mouche adéquate. « Je vais lui mettre une Peute ! » ( dans l'argot du moucheur, une Peute est un éphémère mort qui retombe sur l'eau avec les ailes à plats et qui flotte dans la pellicule d'eau juste sous la surface ). Les deux premiers posés sont trop courts, le troisième est parfait, la mouche se rapproche de la belle, j'aperçois la truite monter rapidement et saisir enfin la Peute. « Schouffff ! », le ferrage vient de faire chanter la soie sur la surface de l'eau, le mou qui s'en suit prouve que celui-ci est raté, la tête entre mes mains je m'exclame « puta... ! Les boules ! » ( oui dans ces moments là, la poésie est rarement de rigueur ), nous l'avions enfin leurré... Elle a regagné sa cache, je suis sûrement tout autant si ce n'est plus déçu que Pep's qui est en train de me rejoindre. Nous essayons de trouver d'autres coins pour le fouet, mais mis à part une toute petite portion sur la fin du parcours, ceux-ci sont absents. Il est 16h45 quand nous faisons demi-tour, alors que nous marchons sur la route en nous refaisant verbalement un peu le fil de la journée, je propose à Pep's d'aller voir si sa truite n'est pas revenue au poste. Il ne faut pas lui dire deux fois, nous voilà postés dans les mêmes conditions que précédemment, la truite est bien là et elle gobe toujours, plusieurs passages ne déclenchent rien mais tout à coup, allez savoir pourquoi, elle se rejette violemment sur la mouche...deuxième raté, c'est ce qui arrive malheureusement souvent quand on sait qu'elle va monter, un ferrage trop tôt et la mouche lui est arrachée de la gueule...cette fois c'est fini la truite reprend sa cache et nous ne la verrons plus.


    Verdict de la journée, un trois à zéro à marquer dans les annales, ce n'était encore jamais arrivé mais avec beaucoup d'humilité je n'en fais cas car le contraire lui ne se compte plus dans les deux décennies antérieures de parties de pêches communes. L'élève a peut être dépassé le maître, il était temps vous me direz. Il ne me reste plus, à mon tour cette fois, qu'à faire passer mes connaissances à ma petite puce ( 17 mois, il faudra encore attendre ) car si j'ai bien essayé avec Céline, qui avait des facilités indéniables pour la mouche, le virus est passé et elle s'est concentrée sur du scrap-booking dont elle détient elle aussi des secrets fabuleux...

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Commentaires
B
Je viens de revivre la journée avec beaucoup d'émotions grâce à ton talent de conteur;Hé oui ,nostalgie,nostalgie....où est donc passé le temps où lestruites ne demandaient qu'une bonne présentation de mouche!!!!!Enfin,avec un peu plus de maitrise que cette première sortie à la mouche depuis deux ans. Tant pis pour moi,c'était tout de même une bien belle sortie dans un cadre fantastique. Le mois de juin vient juste de commencer et il reste encore quelques belles sorties en perspective bien que je ne pense pas que la MOUCHE soit l'idéal sur cette magnifique rivière.
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